Taxis de la Marne

Une nuit, 1 300 taxis, 6 000 soldats… et une page de légende dans l’Histoire de France.

 

Contexte : Paris en danger

Début septembre 1914. La Première Guerre mondiale n’a qu’un mois, et déjà les troupes allemandes menacent la capitale. Les forces françaises reculent, les lignes ferroviaires sont saturées, et le gouvernement, redoutant des bombardements, s’est réfugié à Bordeaux.

Le 5 septembre, la première bataille de la Marne s’engage sur un front de 300 km :

  • 900 000 soldats allemands
  • 1 000 000 de soldats français et britanniques
  • Cinq combats simultanés

La situation est critique : en cas d’échec, Paris pourrait tomber aux mains de l’ennemi.

L’idée de Gallieni

Dans la capitale, le gouverneur militaire Joseph Gallieni doit renforcer d’urgence l’aile gauche alliée du général Maunoury pour contrer l’armée allemande de von Kluck. Les trains manquent ? Qu’à cela ne tienne : il décide de réquisitionner les taxis parisiens.

Sur les 10 000 véhicules de la capitale, 1 300 sont mobilisés, principalement des Renault AG-1 Landaulet. Chaque taxi peut transporter 5 hommes et leur paquetage.

La nuit des taxis

Nuit du 6 au 7 septembre :

  • 630 taxis se rassemblent aux Invalides, phares filtrés, moteurs au ralenti.
  • Direction : Tremblay-lès-Gonesse, Mesnil-Amelot, Livry-Gargan.
  • Vitesse : 25 km/h.

Le lendemain, 700 autres taxis prennent la route vers Gagny.
Au total, 6 000 fantassins de la 14ᵉ brigade d’infanterie du général Edgard de Trentinian sont déposés à Nanteuil-le-Haudouin et Silly-le-Long, juste derrière la ligne de front.

Retour et règlement

Les chauffeurs regagnent Paris. L’armée paie 70 102 francs, calculés… au compteur, comme pour une course ordinaire.
Sur le plan militaire, l’effet est limité. Mais sur le plan psychologique, c’est un coup de maître : Paris tout entier a participé à la défense nationale.

Un symbole qui perdure

Aujourd’hui, deux authentiques « taxis de la Marne » — des Renault G7 — sont visibles :

  • Musée de l’Armée, Hôtel des Invalides, Paris
  • Musée de la Grande Guerre, Meaux

Ces véhicules racontent encore la nuit où la ville lumière a pris le volant… pour sauver la France.

Et vous, connaissiez-vous cette histoire des taxis de la Marne ?
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